Pour une raison que j’ignore, je crois avoir lu presque toute l’oeuvre de Jane Austen.
Ses oeuvres majeures. Même certains de ses romans inachevés. Moi qui ne pensait pas avoir un caractère fanatique, j’imagine que lire un roman qui n’a littéralement pas de fin, relève d’une certaine obsession.
Au pays de
Susan, « une veuve spirituelle et jolie, mais sans un sou » qui « trouve refuge chez son beau-frère, un riche banquier. Est-elle dénuée de scrupules, prête à tout pour faire un beau mariage, ou juste une coquette qui veut s’amuser ? Le jeune Reginald risque de payer cher la réponse à cette question. »
Après avoir fini La magie du rangement, j’avais besoin d’un roman, classique, « simple » dans sa trame. Quelque chose qui se lit vite, bien et qui est appréciable. Un auteur que je connais et dont je reconnais le « style ». J’avais besoin d’une histoire à lire. Alors, quand Lady Susan est apparue sur une pile de livres, j’ai hésité deux minutes, m’interrogeant : « l’ai-je déjà lu ? » Je ne crois pas.
La confiance
Je garde un souvenir vague, mais agréable de mes lectures de Jane Austen. Et de loin, je les vois passionnées et romantiques. Oui, c’est ça… Jane Austen m’a initiée aux œuvres romantiques. J’étais adolescente et je ne percevais sûrement que cela.
J’ouvre ce petit ouvrage (117 pages), persuadée alors de m’y plonger sans peine. Persuadée aussi que je le finirai rapidement, en quelques jours, une petite semaine tout au plus.
Je m’attends à de la psychologie fine sur les relations interpersonnelles, à un peu d’amour et de méfiance féminine. Je m’attends, en vérité, à me plonger dans un bol de confort et de réconfort, d’histoires déjà lues, dont la recette est -un peu- toujours identique. Je ne cherche pas l’inconnu, je cherche à lire pour… lire.
Et puis j’ai nécessairement confiance. J’ai aimé la majorité des livres de Jane Austen, pas de suspense, donc.
L’ennui
Mais surprise, à défaut de suspense, c’est une correspondance, un roman épistolaire à plusieurs voix. Je ne m’y attendais pas.
J’ai — je crois que c’est désormais un fait — toujours du mal à appréhender les noms des différents personnages d’un roman. Cette fois-ci, contrairement à La maison du Bosphore, il ne s’agit pas de noms étrangers difficiles à retenir. Il s’agit en revanche de « Lady », de « Madame », de « Monsieur ». D’enfant et de père ayant donc le même patronyme, de « femmes de », parlant à leur mère de leur belle-soeur, belle-soeur portant alors le même nom qu’elle. L’entrée en matière est donc plus difficile que prévu.
Plus que ça, « l’intrigue », la trame du roman se fait timide.
Certes, il s’agit de Jane Austen, les caractères sont incroyablement bien dépeints, les relations, les hypocrisies, les convenances et politesses sont décrites avec justesse et simplicité.
Pourtant, rien. Je n’ai rien, je ne trouve rien. Je m’ennuie. Et je peine à avancer.
Les 60 pages d’après
Je persévère, et j’ai raison. Je retrouve Jane, je l’appelle même par son prénom ! Je trouve la trame. Une once de passion s’insinue alors. Peut-être même que la puissance du personnage principal, Lady Susan, est inédite. Sa noirceur, aussi.
Il s’en est fallu de peu pour que j’abandonne.
Le tip : Gardez en tête que : Lady Susan est Susan, et donc également Lady Susan Vernon; Mme Johnson est une de ses amies proches; Mme Vernon est la belle-soeur de Lady Susan, mariée à M. Vernon. Sa mère (la mère de Mme Vernon) est Lady de Courcy. Reginald est M. de Courcy, frère de Mme Vernon; Sir Reginald de Courcy est le père de Reginald de Courcy et de Mme Vernon, ainsi que le mari de Lady de Courcy. Frederica est la fille de Lady Susan.
L’itinéraire : Lady Susan, de Jane Austin. Extrait des Œuvres romanesques complètes I (Bibliothèque de la Pléiade), Ed. Folio. 1871,117 p