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L'éternité n'est pas de trop, François Cheng


Photo : L'éternité n'est pas de trop, François Cheng

« Croyez-vous qu’on sait aimer les êtres humains en général, sans avoir aimé un être particulier avec passion ? » Comment écrire sur l’amour éternel ? Comment sonner juste, trouver l’équilibre, résonner ? Dire l’universel, pourtant propre à chacun ?

Les mots de François Cheng, dans L’éternité n’est pas de trop ont su, dès la préface, trouver écho en moi. Ils ont su trouver refuge. Ils m’ont donné l’impression de rencontrer, à nouveau, l’écriture et la littérature française.

Au pays de : « Au XVIIe siècle, à la fin de la dynastie Ming […] dans un monastère de montagne, un homme qui n’a pas encore prononcé ses voeux se décide à quitter ce lieu de paix et de silence pour retrouver trente ans plus tard, la seule femme qu’il ait jamais aimée. »

La contemplation

« Je crois qu’au lieu de chercher dehors la réaction superficielle des autres, il faut d’abord plonger en soi, creuser jusqu’à toucher la racine, la source ».

Je n’étais pourtant pas certaine d’accrocher avec l’histoire. Je craignais que ma « non-culture » du monde asiatique et chinois - renforcée par l’époque - soit trop bruyante et étouffe ma lecture.

D’une certaine manière, j’ai effectivement contemplé de loin l’histoire qui s’est jouée sous la plume de l’Académicien. Comme un tableau que l’on regarde en silence, j’ai apprécié découvrir les traits des personnages de l’oeuvre. Leurs couleurs et leurs matières. Leur puissance dans le silence. Figés, immortalisés à jamais dans une histoire universelle, rejouée à l’envi.

Universelle justement. L’objet est bien là. Nul besoin de contexte.

François Cheng sait induire et conduire son lecteur, à pas feutrés, jusqu’au conte. Le premier « Elle » se fait timide et bruyant à la fois. Vient le deuxième « Elle », si subtilement glissé qu’un instant d’inattention peut nous le faire rater. Quelques lignes plus tard, quelques détails semés, pour nous faire comprendre que ce « Elle » est double : la femme et l’obsession. Les deux faces d’une même pièce. L’origine de l’histoire. L’essence des questionnements. Il est alors trop tard pour refermer L’éternité n’est pas de trop, nous sommes déjà dans le tableau.

Photo : L'éternité n'est pas de trop, François Cheng

La réflexion

« Je suis sans lien, ni lieu ».

L’histoire de cet homme et de cette femme, qui se retrouvent sans être ensemble - trente ans après avoir échangé un seul regard - m’a soufflée. Elle ne m’a pas soufflée par son caractère dramatique, mais précisément parce que l’auteur ne traite d’aucun drame.

Il aborde, en revanche, tout le reste : l’amour, la passion, l’obsession, la patience, la profondeur des sentiments bien au-delà de l’aspect charnel, l’amour comme affaire de l’esprit.

Aimer est-ce avoir la foi ? J’ai relevé beaucoup de passages, de questionnements, de réflexions. De quoi alimenter mes propres pensées pendant de nombreux jours, quelques mois peut-être. L’éternité n’est pas de trop.

La phrase : « Contempler ici, c’est communier, c’est faire advenir la beauté. la beauté, il le sait maintenant, n’est pas cette forme seulement extérieure, fixée une fois pour toutes, qu’on peut à sa guise poser sur une étagère comme une statuette, la vraie beauté est élan même vers la beauté, fontaine à la fois visible et invisible qui jaillit à chaque instant depuis la profondeur des êtres en présence ».

Le tip : vous avez un carnet de citations ? C’est le moment de l’utiliser…

L’itinéraire : François Cheng, L’éternité n’est pas de trop. Éd. Le Livre de Poche, 2002. 254 p.

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