Après le New-York des années 1950, visite dans l’Angleterre gothique des années 1940. Retour aux classiques et aux livres jamais lus.
J’ai décidé de lire Rebecca de Daphné du Maurier. Comment étais-je passée à côté du livre autant que de son adaptation cinématographique par Alfred Hitchcock ? Hasard, probablement.
Intrigante, captivante, parfois trop simple et scolaire, ma lecture de Rebecca s’est accompagnée d’une pointe de déception, constante, qui ne s’est atténuée qu’aux deux tiers.
Au pays de : « Dans une somptueuse propriété de la côte anglaise, hantée par le souvenir d’une première épouse disparue, une jeune mariée intimidée, un veuf taciturne, une gouvernante vêtue de noir s’observent dans un huis clos étouffant… »
La facilité
Comme il est facile de se laisser avoir par des mots. Lire un classique. Lire enfin un classique ! Classique du genre ? Classique d’une époque ? Qu’est-ce qu’un classique si ce n’est, parfois, seulement un livre ancien.
Alors, j’ai lu un classique. J’ai cru lire un classique. Je pensais d’ailleurs qu’il était plus « classique » que cela. Certes, Rebecca se lit bien. L’écriture de Daphné du Maurier est agréable et fluide, l’histoire accessible, les personnages, bien qu’un peu types, sont psychologiquement bien dépeints. Le lecteur est à l’aise et animé par le nombre de pages qu’il lui reste à lire, curieux et impatient.
Pourtant, l’intrigue se construit assez scolairement. Certains dialogues donnent l’impression d’être présents seulement pour faciliter le futur de l’intrigue, distiller des indices et c’est presque trop flagrant. J’ai eu parfois furieusement le sentiment que Daphné Du Maurier cochait des cases pour que son intrigue soit valable. Or les enchaînements se font parfois mal et la trame est visible. C’est facile et donc, un peu décevant.
Le sursaut
Est-ce volontaire ? Peut-être. Peut-être n’ai-je pas saisi la volonté de l’auteure de mettre justement en avant la jeunesse, parfois presque mièvrerie, de la jeune femme, personnage central, pour préparer le retournement de situation final.
Comme tout retournement de situation, il est inattendu, et plus important encore, très efficace.
L’histoire est alors plus profonde qu’il n’y paraissait, les liens se font et en seconde lecture, les déceptions premières prennent place dans une peinture plus globale, plus perverse, plus complexe, psychologiquement bien amenée.
Ce sursaut est malheureusement de trop courte durée, et contrairement à ma première impression, la fin, elle, aurait pu être plus travaillée, plus réfléchie. Le lecteur se fait abandonner au détour d’une rue.
L’auteur a fini son histoire. Et coché les cases.
La phrase : « Le bonheur n’est pas un objet à posséder, c’est une qualité de pensée, un état d’âme. »
Le tip : Retombez un peu en adolescence…
L’itinéraire : Daphné du Maurier, Rebecca, Éditions Le Livre de Poche, 1939. 448p.