Pourquoi le lire ?
Pour s’interroger sur la femme, son rapport au monde et son rapport obligé au monde. Pour s’interroger sur le corps, le corps de la femme et sa réification constante dans la sphère sociale et culturelle. Pour s’éclairer, être éclairé, questionner et se questionner soi-même ; pour confronter ses opinions et ses sentiments sur la question de l’aliénation féminine et de ses « nouveaux visages ».
On en apprend des choses ?
Beauté fatale n’est pas un ouvrage historique ou théorique sur la place des femmes dans la société. C’est un livre qui - à la lumière de faits, d’anecdotes, d’histoires, de chiffres et d’études - met en exergue ce mal qui englue les sociétés occidentales (majoritairement abordées ici) : la sexualisation permanente des femmes par la culture de masse et ce qu’elle appelle le complexe mode-beauté.
Au-delà de la question de la féminité, de ce qu’elle est ou de ce qu’elle est censée être, dans la seconde partie de Beauté Fatale, Mona Chollet construit plus largement, une vive critique de notre rapport au corps, tant vis-à-vis de l’alimentation, de la lumière, de la couleur que du temps qui passe. Ce rapport, exacerbé par la culture de masse et le traitement qu’en font certains médias est alors nécessairement biaisé, manipulé, et devient l’unique référence. Il serait pourtant, selon l’auteure, la clé d’une évolution positive et d’une avancée du droit des femmes à bien des égards.
Que comprendre ?
Beauté fatale guide et éduque. L’objectif : réussir à lire entre les lignes et être plus exigeants dans notre lecture et notre perception des contenus culturels - à la fois reflets et influenceurs - qui nous entourent quotidiennement : séries télévisées, magazines féminins, discours publicitaires…
Dans le meilleur des cas, la lecture de ce livre peut nous permettre d’ouvrir les yeux - qui, malgré l’évidence des démonstrations proposées - restent parfois conditionnés à demeurer mi-clos.
Malgré la violence des jugements de valeur de l’auteure à l’égard des comportements ou opinions de certaines personnalités - ou dites personnalités - qui dessert le propos en donnant le sentiment d’une agressivité instinctive, vulgaire et mal contenue, Mona Chollet tente de rétablir un équilibre des forces et de donner aux femmes - mais pourquoi pas aux hommes aussi - le choix d’être elles-mêmes, en toute sérénité. La prise de conscience est une première étape.
Garder en mémoire : « Le corps est le dernier lieu où peuvent s’exprimer la phobie et la négation de la puissance des femmes, le refus de leur accession au statut de sujets à part entière ; ce qui explique peut-être l’acharnement sans borne dont il fait l’objet. Quels que soient ses efforts pour se faire toute petite, une femme prend toujours trop de place. »
L’itinéraire : Mona Chollet, Beauté fatale, Editions La découverte / Poche, 2012, 2015. 294p.