Il y a un peu plus d’un an, la box littéraire Kube m’a envoyé Americanah. Plus de 2555 kilomètres de trajet.
Je me souviens encore avoir spécifié dans mes envies de lecture que je souhaitais un beau roman, une histoire, peut-être d’amour, peut-être pas, qui traverse et transcende les pays, les couleurs et les langues. Et qui se finit bien. J’étais à la recherche d’espoir et d’optimisme, autant que de réalité et d’obstacles.
Au pays de : « Ifemelu quitte le Nigéria pour aller faire ses études à Philadelphie. Elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l’Amérique, qui compte bien la rejoindre. Mais comment rester soi lorsqu’on change de pays, et lorsque la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés ? »
Americanah se termine bien.
Pour quelles raisons pourrais-je me permettre, l’espace d’une chronique, de renier la règle numéro 1 de Starting Books en vous annonçant la fin ? Parce que celle-ci importe peu. Après 685 pages d’un récit de vie et de voyages, d’un roman d’identité et d’amour, la fin n’existe pas, n’existe plus. Elle est tout sauf une fin.
La sincérité
J’ai trouvé dans Americanah une incroyable sincérité, de ton et d’histoire. Cette sincérité que l’on remarque et qui transperce par sa justesse.
Aucun faux semblant, l’auteure parle, raconte, délivre, dénonce, écrit, décrit. Il ne s’agit ni d’écrire pour être lu ni de dénoncer pour impressionner ; le politiquement correct n’a pas sa place, pourtant, tout est à sa juste place. Ni pudeur ni excès, la balance est parfaite.
La vie
2555 km de trajet et plus de 365 jours avant d’ouvrir enfin Americanah. Une plongée au Nigéria, en Angleterre, aux États-Unis. Et la vie, vue par deux héros, noirs de peau. La vie seulement, dans son cynisme et sa beauté, ses rendez-vous ratés et ses retrouvailles inattendues.
J’aimerais dire qu’Americanah est magnifiquement bien écrit, mais je n’en sais rien. L’écriture même ne se remarque pas tant l’immersion dans l’histoire d’Ifemelu et d’Obinze est réelle et intense.
J’aimerais encenser Americanah, mais je n’y arrive pas. Ce livre est là, à lire. Plus qu’une découverte, plus qu’une œuvre, plus que le livre de la décennie, Americanah marquerait définitivement par son absence.
La phrase : « Elle était à l’intérieur de ce silence et elle y était en sûreté. »
Le tip : accordez-vous le temps nécessaire pour lire Americanah.
L’itinéraire : Chimamanda Ngozi Adichie, Americanah, Éditions Folio, 2013 (2014 pour la traduction française). 702 pages.
Le guide : Box littéraire La Kube