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C'était mon frère..., Judith Perrignon


Au pays de : « Théo n’a pas survécu plus de six mois à la mort de Vincent… Au jeune frère, Judith Perrignon a emprunté sa voix et ses souvenirs pour écrire une histoire en forme de compte à rebours, un court moment où le nom de Vincent Van Gogh évoque un homme parmi d’autres et pas encore un mythe. »

Il y a quelque chose de si vrai, de si réel dans C’était mon frère.… Est-ce parce que le personnage principal, celui qui n’est plus, mais vibre à chaque page, qui transparait dans chaque mot, est mondialement connu ? Je ne crois pas. Est-ce parce qu’il est si douloureusement question de deuil et de fraternité ? Rien n’est dû au hasard, aujourd’hui encore moins.

Si vrai et si réel. Le hasard n’y est pour rien, Judith Perrignon pour beaucoup.

L’affection

D’un frère à l’autre, les mots résonnent, comme s’ils étaient essentiels, leur présence, vitale. Une unique possibilité. Des correspondances, un lien sanguin littéral et métaphorique, et la nécessité d’écrire sur un frère qui n’a pas eu le temps, pour un frère qui n’a pas eu la vie pour être reconnu. Écrire pour contrer le destin de celui qui n’a pas eu le temps que ses toiles auront. Témoigner pour que sa vie lui survive.

Et si d’ordinaire, je lis peu de biographies d’artistes… Et si je n’ai pas « choisi » de détenir ce livre qui m’a été confié et recommandé par la même occasion… Le choisir lui, plutôt qu’un autre, sur l’avant-dernier étage de ma belle étagère en bois m’est pourtant apparu comme une évidence.

Ce titre, ce titre. Comme un appel, comme un écho. Ce frère et cet imparfait. Ces points de suspension. Une supplication à dire plus. Plus qu’un temps de narration, trace du passé, plus qu’un lien de sang, plus que des points suspendus.

La fiction

Alors, au-delà des points suspendus, je me mets à lire. J’y crois et lis ces frères. Je lis celui qui reste, humain et bouleversé. Je lis avec avidité, je parcours les vies de Vincent et Théo avec ce sentiment de privilège qu’aurait pu me procurer la découverte de leurs lettres, rangées dans le tiroir d’un bureau. Quand, au hasard d’une phrase…, je réalise. Je réalise que ce n’est pas vraiment eux que je lis et que je n’ai rien trouvé, certainement pas leurs mots.

Couleurs, lignes, meubles, réminiscences de musées… Théo et Vincent Van Gogh avaient certes eu une correspondance soutenue, mais le nom en haut de ce livre n’est pas celui du frère cadet.

Judith Perrignon s’introduit dans mon histoire avec les frères. Elle se rappelle à moi pour me préciser que rien de tout ça n’est vrai. Enfin si. Mais non. Elle a brodé, inventé, réécrit. Fidèle aux lettres, oui, mais celles-ci ne pouvaient pas tout expliquer. Judith Perrignon remplit les creux, colore les contours. Et je n’y ai vu que du feu.

Certains auteurs pourraient en être vexés, mais ici, j’y vois un beau compliment. Celui d’avoir réussi à écrire au plus juste d’une fiction-vérité, d’avoir réussi à se faire oublier, d’avoir réussi à avoir recréé, pour la postérité et pour l’éternité, le dialogue de deux frères.

La phrase : « Tant de fois j’ai pensé à lui sans moi, et jamais je ne me suis soucié de l’inverse. Mais sans lui à portée de mots, je perds l’équilibre. Une moitié de moi est vide. »

Le tip : Oubliez tout, et redécouvrez.

L’itinéraire : Judith Perrignon, C’était mon frère…, Éd. Folio (L’Iconoclaste, 2006).

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