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L'amie prodigieuse, Elena Ferrante


Photo : L'amie prodigieuse, Elena Ferrante

Il est parfois de ces livres dont on ne sait pas quoi dire. Que l’on referme, calme. Serein.

Serein, mais un peu vide. Vide de ne pas avoir réussi à trouver quelque chose, de ne pas avoir réussi à ressentir un petit plus, le plus qui souvent fait tout. Qui fait qu’on s’en souviendra, que la lecture ne restera pas « lettre morte ».

J’ai d’abord cru que L’amie prodigieuse, d’Elena Ferrante, serait de ces livres. En fait non, j’ai d’abord cru que ce serait un beau livre, de ceux dont la fin est un peu trop rapide, nous laissant bras ballants, abandonnés par l’histoire qui s’est terminée sans que l’on s’y attende.

Au pays de : « Elena et Lila vivent dans un quartier pauvre de Naples à la fin des années cinquante. Bien qu’elles soient douées pour les études, ce n’est pas la voie qui leur est promise. [...] Les chemins des deux amies se croisent et s'éloignent, avec pour toile de fond une Naples sombre, en ébullition ».

Et puis, rapidement, je ressens à la lecture de L’amie prodigieuse, quelque chose qui me dépasse. Quelque chose me dépasse oui, c’est évident. Quoi ? Je ne sais pas. Ce qui ressort de mes heures de lecture est vaporeux. D’une étrange façon, presque enivrant. Un goût doux-amer.

Le malaise

Je ne connais pas l’Italie. Encore moins celle des années 1950. Et pour une raison que j’ignore, je n’arrive pas à m’imaginer les lieux, les situations, les personnages. Ou plutôt, je ne les visualise pas du tout, et, imagine, alors, trop bien.

Est-ce parce que le début du roman se concentre sur l’enfance de deux petites filles ? Est-ce que mon imagination s’est collée de trop près à l’imagination des fillettes ? Peut-être, toujours est-il que malgré l’ancrage historique et géographique de l’histoire, je persiste, tout au long de ma lecture à y voir quelque chose d’un peu fantastique, d’un peu surnaturel.

L’atmosphère qui se dégage de L’amie prodigieuse me met mal à l’aise. Les gens. Les lieux. Les relations.

Est-ce que ce malaise est due à la relation amicale et fusionnelle, relation d’admiration presque amoureuse de deux enfants qui deviennent femmes, qui se suivent et s’éloignent, se mesurent ? Chacune, mètre étalon de l’autre.

Peut-être.

Photo : L'amie prodigieuse, Elena Ferrante

L'incertitude

Mais Elena Ferrante sait conter les histoires.

Finalement, comme un conte, cette histoire m’a donné envie, très souvent, de poser le roman, à cheval entre deux pages, et de poser plein de questions à quelqu’un qui aurait aussi, comme moi, lu ce livre. Qui saurait peut-être un peu plus que moi, qui aurait entr’aperçu quelque chose qui m’a échappé. Quelqu’un à qui l’auteure aurait donné à voir un peu plus qu’à moi, ou qui, par sagesse, aurait mieux compris, et aurait alors, quelque chose à m’apprendre, un secret à me dire.

Comme un conte, cette histoire m’a attirée, m’a fait peur, m’a donné envie de continuer pour enfin savoir comment l’auteure aura trouvé une issue, ou ouvert la voie à ses héroïnes pour qu’elles s’échappent.

Comme un conte, L’amie prodigieuse m’a hantée. Des atmosphères, des passages, des bribes d’histoire me reviennent et me font y songer. Encore.

Cela tombe bien L’amie prodigieuse est une saga. Peut-être trouverais-je la force de poursuivre, en lisant la suite : Le nouveau nom.

La phrase : « S’était-elle mise à apprendre le grec avant même que je ne commence le lycée ? L’avait-elle fait toute seule, alors que moi je n’y pensais même pas, et l’été, quand c’étaient les vacances ? Faisait-elle toujours ce que je devais faire, avant moi, et mieux que moi ? Me fuyait-elle quand je la suivais, et en même temps me talonnait-elle, me dépassait-elle? »

Le tip : Comme une bonne pâte, laisser reposer.

L’itinéraire : Elena Ferrante, L’amie prodigieuse, Éditions Gallimard, Coll. Folio. 2014. 430 pages.

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