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Montedidio, Erri De Luca


L’histoire est simple, il n’y en a presque pas. La torpeur d’un Naples en plein été aimerait sans doute nous le faire croire…

Au pays de : "Le narrateur a tout juste treize ans quand il quitte l'école pour entrer chez Mast'Errico, comme apprenti menuisier. C'est une maigre paie qui s'ajoute le samedi dans cette humble famille de dockers. Dans la même boutique de menuiserie travaille don Rafaniello, un vieux juif bossu, cordonnier exceptionnel, rejeté sur les rives napolitaines dans la tourmente de la dernière guerre. En même temps que le narrateur vit son premier amour avec la jeune Maria sa voisine, se noue une amitié forte avec le cordonnier."

J’ai déjà voyagé à Naples, L’amie prodigieuse m’a présenté la ville. La cité m’avait surprise et définitivement perdue tant son caractère était résolument prononcé. Mais alors que L’amie Prodigieuse propulse ses lecteurs dans le tourbillon d’une ville sans repos, Montedidio prend de la hauteur et se loge dans le calme des plus hautes terrasses de la ville.

L’immersion

Montedidio se lit vite. Le récit d’Erri de Luca n’a pas besoin de plus. Courts chapitres et poésie. Je suis immédiatement touchée par l’efficacité lyrique du roman. L’urgence des bons mots.

Le roman Montedidio est l’histoire d’une transformation. J’aimerais aller plus loin, vous dire que c’est l’histoire de deux hommes qui, grâce à un lien presque silencieux, vont s’accompagner mutuellement dans leur « passage » respectif. J’en resterais là : l’auteur décrit, dans une fable presque initiatique, la vie et ses transformations nécessaires. Leur imminence, leur urgence, encore une fois.

Le personnage principal part à la découverte de son corps, des changements opérés par le maniement de son boomerang, pièce de bois dont le matériau brut est aussi poétique que le sens que le garçon lui confère. Il observe ses changements, comme ses premiers émois, avec une grâce d’enfant et une lucidité d’adulte.

Erri de Luca réussit à faire transparaître dans toute sa subtilité, la simplicité de l’humain. Une gageure admirable que de décrire la normalité, la sanité et l’équilibre d’un être.

L’irréel

L’air chaud traversé d’esprits devient familier et accompagne cette lecture. Ces esprits ni malins ni effrayants sont peut-être là pour nous faire comprendre qu’il y a quelque chose de plus dans Montedidio. Pour dévoiler que l’histoire est animée, incarnée - en napolitain parfois, en italien surtout, quand le garçon écrit - et qu’elle dit plus qu’on ne pourrait le croire.

Il y a des esprits, des anges, des ailes qui poussent. Alors que l’on pourrait croire à des métaphores, les paraboles sont probablement ailleurs. Les ailes se froissent et l’envol est réel.

Montedidio est un poème, une fable, un texte aussi doux que charismatique. Montedidio est fait pour être lu, autant qu’un boomerang est fait pour voler, des ailes pour s’envoler.

La phrase : « Je ne sens pas le manque, dit-il, mais la présence ».

Le tip : Lisez-le d’un trait, comme un poème.

L’itinéraire : Erri De Luca, Montedidio, Éditions Gallimard, Coll. Folio, 1ère édition 2002. 240 p.

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