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Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, Jean d'Ormesson


Photo, Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, Jean d'Ormesson

Cela fait longtemps que je connais Jean d’Ormesson. De nom, de visage, de participations télévisuelles multiples dans de multiples émissions et journaux télévisés. Il m’est familier et il m’a toujours semblé bienveillant. Peut-être son regard. Peut-être son sourire. Peut-être son âge.

Au pays de : « Pour se défendre dans un procès qu’il s’intente à lui-même, l’auteur fait défiler au galop un passé évanoui ».

Pourtant, il ne m’est jamais venu à l’esprit de lire l’un de ses livres. J’imagine qu’ils sont nombreux. J’imagine, parce que je n’en connais aucun. Comme le dit si bien M. Delahousse (journal télévisé du 10 janvier 2016) : Jean d’Ormesson « objet patrimonial identifié ». J’ai dû, sans doute, considérer ne pas être une lectrice à la hauteur d’un auteur, de l’Académie Française. Oui, parce que « Jean d’Ormesson, de l’Académie Française ».

Sauf que…

La hâte

Il m’en faut peu pour avoir hâte de lire un livre. En général, un titre me suffit. Je l’ai déjà prouvé avec « L’année de la pensée magique », de Joan Didion.

Le titre, seul, me fait imaginer des milliers d’histoires.

J’ai surtout l’impression que les titres répondent à la vie. Que comme les phrases issues des biscuits chinois, on interprète, chacun à notre façon, les titres de livres. À condition, évidemment, de ne pas en avoir entendu parler. « On ». Ou peut-être seulement moi…Qu’en est-il de vous ?

Bref, j’ai bien envie que cette vie soit belle. J’ai hâte !

Le rejet

Je ne fonctionne pas par citations. Rarement. Je ne suis pas « femme de culture ». Rarement. J’ai mauvaise mémoire, ce qui ne m’aide pas à me souvenir des auteurs, des personnages marquants de l’histoire, de la vie politique ou mondaine française. Je suis aussi née à fin des années 1980 ce qui ne semble pas être - en tout cas à l’aune des 130 premières pages de l’ouvrage - d’une aide particulière pour comprendre les références de l’auteur.

Dès les premières pages, je n’accroche pas au format. C’est un dialogue entre « le Jean et le méchant ». Entre Jean d’Ormesson et lui-même. Il est son propre juge et anime son procès. Deux « moi ». Deux « sur-moi ».

L’auteur est, par ailleurs, généreux en détail. Les noms, les lieux, les ouvrages, les anecdotes. Tout y passe. Cette explosion de précisions n’est pas quelque chose qui me séduit particulièrement. Mais plus encore, je me sens exclue. Je ne me sens pas à la hauteur de ce livre que je tiens. J’ai envie d’y entrer, mais l’auteur me laisse à la porte. Nous nous rejetons mutuellement.

J’en suis même à me dire que je ne suis personne pour parler de ce Monsieur, de cet ouvrage. Avais-je le droit de lire ce livre ?

Photo : Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, Jean d'Ormesson

L’impatience

Pour autant la plume est belle, certains passages - liés à l’homme plus qu’à l’homme public - me touchent. Et au fur et à mesure des pages, il me semble que l’on s’éloigne des détails foisonnants des bâtisses, des anecdotes historiques et politiques de sa jeunesse, comme la quatrième de couverture semblait l’annoncer : « vous n’imaginiez tout de même pas que j’allais me contenter de vous débiter des souvenirs d’enfance et de jeunesse ? Je ne me mets pas très haut, mais je ne suis pas tombé assez bas pour vous livrer ce qu’on appelle des Mémoires ».

J’ai honte, je l’avoue, j’ai honte, puisque j’ai décidé de (re)lire la 4e de couverture passées les 100 premières pages…

Jean d’Ormesson est facétieux. Et semble promettre plus que ses souvenirs. Voyons alors.

La phrase : « J'aimais ne rien faire. J’aimais rêver - de préférence à rien. J'aimais attendre. Attendre quoi ? Précisément rien. J'aimais étudier. Je ne tenais pas tellement à vivre. Peut-être, après une enfance très heureuse, redoutais-je l'épreuve de la vie. »

Le tip : Soyez à la hauteur ! Ou ne le soyez pas. Cela importe peu, vous avez le droit de lire ce livre.

L’itinéraire : Jean d’Ormesson, Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, Editions Gallimard, 2016. 496 p.

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